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L'industrie du troisième millénaire

  in La Vie Financière - du 18 au 24 novembre 2005 - N° 3154

« Dans les salles des ventes françaises, les œuvres des photographes contemporains sont bien moins cotées que sur la scène new-yorkaise. Les pièces se négocient en moyenne à 2 869 euros, contre 21 688 euros à New York. »

 

Revue de presse
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LA BOURSE
REVUE DE PRESSE

PATRIMOINE/ Marché de l'art

PHOTOGRAPHIE
Objectif contemporain

Avec une demande accrue et un renouvellement artistique, la photographie est devenue un support de création aussi rentable que les autres arts.

En 2004, deux mille photographies contemporaines ont changé de mains pour 29 millions d'euros. En 1995, ce segment était cantonné à tout juste 350 clichés (1,4 million d'euros). L'accroissement des volumes d'échanges s'est accompagné d'une flambée des prix, qui, en novembre 2005, sont trois fois supérieurs à ceux de 1995 (+11,9 % en progression annuelle).
La photographie actuelle est donc l'un des segments les plus porteurs du marché de l'art, avec des enchères spectaculaires, notamment des adjudications d'œuvres de photographes américains à New York. Lors de la vente de la collection de la baronne Lambert organisée parla maison Phillips les 8 et 9 novembre 2004, des records ont été atteints. Notons ceux de Charles Ray (470 000 dollars), de Cindy Sherman (420 000 dollars) et de Mike Kelley (360 000 dollars). Chez Sotheby's, le nouveau record pour un cliché contemporain a été décroché le 9 novembre 2004 par l'Américain Richard Prince, dont Women Looking in the Same Direction, un triptyque de 1980, a atteint 650 000 dollars. Plus récent, le record atteint par Robert Mapplethorpe : 300 000 dollars pour American Flag, le 12 octobre 2005, chez Christie's à New York. A l'inverse des photographes

LES DIX ARTISTES LES PLUS COTÉS DU MARCHÉ
Artiste Lot / Adjudication Vente
1 Richard Prince (1949) Women Looking in the Same Direction
(1980), 650 000 $
Sotheby's, New York (11.2004)
2 Andréas Gursky (1955) Untitled V (1997), 390 000 £ Chrisite's, Londres (2.2002)
3 Bruce Nauman (1941) Light Trap for Henry Moore, N°.1 (1967), 480 000 $ Sotheby's, New York (5.2000)
4 Charles Ray (1953) Untitled (1992), 470 000 $ Phillip's, de Pury & Company, New York (11.2004)
5 Gilbert & George (1965) Seed (1984), 420 000 $ Sotheby's, New York (11.2004)
6 Cindy Sherman (1954) Untitled N° 92 (1981), 420 000 $ Phillip's, de Pury & Company, New York (11.2004)
7 Gilbert & George (1965) Drinking Sculpture (1974), 400 000 $ Phillip's, de Pury & Company, New York (5.2005)
8 Thomas Struth (1954) Pantheon, Rom (1990), 220 000 £ Sotheby's, Londres (10.2003)
9 Rineke Dijkstra (1959) Hilton Head Island/Kolobrzeg, Poland/De Panne, Belgium/Coney Island, 360 000 $ Christie's, New York (5.2002)
10 Mike Kelley (1954) Ahh... Youth (1991), 360 000 $ Phillip's, de Pury & Company, New York (11.2004)

(illustration)
Black Death, photo de Gilbert & George, 1983 (2,02 m X 1,82 m)

américains, les stars allemandes du marché de la photographie sont en perte de vitesse. Certaines, comme Thomas Ruff, Thomas Struth ou Bernd et Hilla Becher ont vu leur cote dépréciée de 24 à 44 % en 2004. Andréas Gursky, l'un des artistes les plus cotés du marché avec Untitled V, adjugé à 560 000 dollars lors de la vente de Christie's Londres en février 2002, est l'une des rares exceptions. Après un fléchissement en 2003, sa cote a progressé de 19 % en 2004.
Dans les salles des ventes françaises, les œuvres des photographes contemporains sont bien moins cotées que sur la scène new-yorkaise. Les pièces se négocient en moyenne à 2 869 euros, contre 21 688 euros à New York. Quand bien même l'artiste serait de renom, les photographies sont tirées en grande quantité. Parmi les artistes les plus représentés, on retrouve quelques Américains, Nan Goldin en tête. De quinze à vingt de ses épreuves sont présentées chaque année à Paris. Il faut compter de 4 000 à 8 000 euros pour un Cibachrome de 1 mètre de large tiré à 25 exemplaires. Au-delà de 10 000 euros, ces pièces ne trouvent pas souvent preneur, d'autant que la cote de l'artiste a baissé de 30 % depuis 2000. Un tirage de 1979 numéroté de 1 à 25 et intitulé Anthony by the Sea, Brighton, England, s'est négocié à 10 200 euros chez Wapler (Paris) en mars dernier, contre 14 178 euros en 2001 Me Cornette de Saint-Cyr (Paris). Les maisons de ventes parisiennes misent aussi sur Bruce Weber, Cindy Sherman, Robert Mapplethorpe, Vanessa Beecroft ou encore Vik Muniz. Mais, à titre comparatif, le tirage le plus cher de Robert Mapplethorpe -Femme dénudée, un argentique de 50,2 x 40,3 cm, numéroté 2/10 - fut adjugé à Paris en 2004 pour seulement 3 200 euros.

Les Français peu représentés
De leur côté, les photographes français sont peu présents lors des ventes aux enchères, même nationales. Ce sont les portraits d'artistes réalisés par Bernard Génies qui ont fait le plus l'objet d'adjudications en 2004, ne dépassant toutefois jamais 900 euros. L'amateur pourra aussi dénicher quelques nus de Gilles Berquet pour 200-400 euros, des épreuves de Bernard Plossu pour 300-600 euros. En revanche, il faut désormais compter au moins 10 000-15 000 euros pour un large tirage de Jean-Marc Bustamante, l'un des artistes français qui, avec Pierre et Gilles, Sophie Galle et Christian Boltanski, s'arrachent aujourd'hui outre-Atlantique.

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